Le Saniforce

Une solution bas carbone pour traiter les boues fécales en contexte humanitaire

L’assainissement est un vrai sujet pour les professionnels de l’humanitaire : évacuation puis épuration des eaux usées, gestion des boues… Les enjeux sont sanitaires, environnementaux, épidémiologiques.

Dans le contexte d’interventions humanitaires, le plus souvent en post-urgence, les boues fécales représentent une vraie problématique. Comment protéger les populations des pathologies véhiculées par ces flux ? Comment s’assurer que ce qui est renvoyé à la nature ne soit pas vecteur de pollutions ? Comment protéger les différentes ressources nécessaires pour traiter l’eau et la rendre potable ?

Les acteurs de l’humanitaire, qui gèrent à la fois l’accès aux services essentiels en situation d’urgence, mais également, sur un plus long terme, des camps de déplacés et réfugiés, sont en demande de solutions. La fondation Veolia connaît le terrain et ses contraintes pour avoir déjà développé des stations mobiles de potabilisation de l’eau (les Aquaforces) destinées aux situations humanitaires. Elle travaille, depuis 2018, sur des solutions d'assainissement pour répondre aux besoins croissants du terrain.

Ces dispositifs, au service du secteur de la WASH (Water and Sanitation Hygiene) déclinent, dans le contexte humanitaire, l’accès aux services essentiels au cœur de l’expertise du groupe Veolia.

De quoi parle-t-on ?

Le Saniforce est une solution de traitement sanitaire des boues fécales à faible consommation d'énergie pour des environnements humanitaires. Il a vocation à permettre le traitement du contenu des fosses septiques et fosses de latrines pour 500 personnes.

Découvrez le partenariat noué avec l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), agence de l'ONU, pour tester la version solaire du Saniforce.

3 objectifs

Protéger les populations

Préserver la ressource en eau

Éviter des contaminations de l’environnement

Techniquement, le dispositif repose sur le procédé de digestion anaérobie. Ce processus contrôlé de décomposition biologique des matières organiques contenues dans les boues se déroule sans oxygène et génère à la fois du biogaz, convertible en énergie, et un effluent valorisable appelé digestat. La réaction a lieu dans des biodigesteurs souples fournis par Sistema.bio.

Dans le montage retenu pour le Saniforce, le biogaz est ensuite valorisé dans une phase de post-traitement, la pasteurisation, qui consiste à maintenir le digestat à 70° pendant une heure. A l’issue de l’ensemble du processus, la matière est débarrassée à 99,9 % de ses potentiels pathogènes. Ces boues hygiénisées, susceptibles d’avoir une seconde vie, en agriculture par exemple, prennent une nouvelle place dans la chaîne de l’assainissement.

 

Pour tester ce dispositif en situations réelles et l'adapter aux besoins des acteurs de l'humanitaire, la fondation Veolia participe à des programmes au Kenya, en Ouganda et au Bangladesh.

Kenya, avec Opero, Sistema Bio | 2022

A Kisumu, à l’Ouest du Kenya, Opero, spécialisé dans le développement de services Eau et Assainissement, a piloté en 2022 un projet pilote pour tester le Saniforce. Le programme a réuni plusieurs experts du sujets : le fabricant mexicain de biodigesteurs SistemaBio et la fondation Veolia. Les tests menés ont permis de valider le process de pré-traitement et de digestion avec des boues fécales humaines.


 

France, avec le centre de recherche DEST, Veolia | 2023

A Limay, en région Ile-de-France, des experts Veoliaforce issus des différents métiers du groupe se sont relayés à l'automne 2023 pour tester le modèle thermique du Saniforce. La fondation Veolia s’est appuyée, pour cette étude du post-traitement, sur le Département des expertises scientifiques et techniques (DEST) de Veolia.


 

Ouganda, avec le Programme Alimentaire Mondial (ONU), Opero et la Croix-Rouge ougandaise | 2024-2025

A l’Ouest de l’Ouganda, des dizaines de milliers de personnes fuient les combats entre le groupe armé M23 et les forces congolaises de la République démocratique du Congo voisine. Des camps de réfugiés les accueillent, avec le soutien, entre autres ONG, de la Croix-rouge ougandaise. Présente à Kyangwali, elle est l’un des partenaires du projet mené avec le soutien du Programme Alimentaire Mondial (PAM, agence de l’ONU) pour tester le Saniforce en situations réelles. 

L’objectif est multiple : confronter le Saniforce au terrain, évaluer le process global, en particulier l’hygiénisation thermique, documenter l’ensemble et se projeter sur la réutilisation potentielle des effluents à des fins agricoles.

Le déploiement des équipements, dotés du laboratoire d’analyse et de surveillance des systèmes d’assainissement, le FSFL, destiné à couvrir les besoins de 500 personnes, commence en avril 2024 avec quatre partenaires engagés dans la réussite du projet :

Quatre partenaires engagés avec le Programme Alimentaire Mondial (ONU)

  • Objectif : fournir la technologie pour le skid de pasteurisation.
  • Levier d'action : mécénat de compétence pour diriger l'installation et la mise en service de ce skid ; organiser des sessions de formation pour l'équipe locale
  • Responsable principal du projet, point de contact principal entre l'équipe projet et le WFP.
  • Opero assure la coordination de l’équipe projet et la gestion administrative et logistique, ainsi que toutes les activités de reporting bailleur.
  • Dirige l'installation et la mise en service du biodigesteur.
  • Organise des sessions de formation pour l'équipe locale
  • En charge du soutien logistique et admin nécessaire en local pour la mise en œuvre du projet
  • Fournit un site et les RH locaux chargés de l'exploitation.

Le calendrier court sur plusieurs mois avec l’expertise Veoliaforce mobilisée à plusieurs reprises pour assurer la mise en route, assurer le suivi d’exploitation et d'analyses et envisager des pistes d’amélioration.


 

Bangladesh, avec l’Office international des migrations (ONU) et Elrha | 2024-2025

En 2017, des centaines de milliers de Rohingyas fuient les violences dans leurs villages au Myanmar et se réfugient de l'autre côté de la frontière, à Cox's Bazar, au Bangladesh. Sept ans plus tard, ce qui est devenu l’un des plus grands camps au monde abrite plus d’un million de réfugiés. Parmi les acteurs présents, l’Office international des migrations (OIM) exploite une solution de traitement des boues fécales (DEWATS) avec le soutien financier de l’ONG Elrha.

Face à la persistance de pathogènes tels que le choléra, cette agence de l’ONU s’est tournée vers le Saniforce pour sa capacité à débarrasser la matière de 99,9 % des potentiels pathogènes.

L’OIM a également souhaité mettre l’accent sur l’énergie solaire. Là où la pasteurisation (qui consiste à maintenir le digestat à 70° pendant une heure) est assurée par du biogaz complété par de l’énergie solaire en Ouganda, le choix est inverse au Bangladesh. Des panneaux solaires permettent d’alimenter quasi exclusivement le dispositif.

"Le Saniforce, dans ses deux versions, fait l’objet d’expérimentations régulières pour lever les écueils techniques et valider, une à une, toutes ses composantes. L’objectif est de mettre entre les mains des acteurs de l’humanitaire une solution fiable, adaptée, démontable, à faible consommation d'énergie, déployable et exploitable par des équipes locales."
Romain Verchère
Responsable des programmes d'innovation, Fondation Veolia

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