Le volontaire est un collaborateur ou une collaboratrice prêt à partir aux quatre coins du monde pour mettre son expérience et ses compétences au service des autres.
Un volontaire Veoliaforce est un collaborateur du groupe Veolia qui, sur son temps de travail, part en mission pour le compte de la fondation Veolia. Préalablement formé à l'urgence humanitaire et au maniement des équipements d'intervention conçus par la Fondation, il peut être sur le terrain pendant plusieurs semaines ou apporter son expertise à distance. Il part à la demande des organisations humanitaires internationales après une catastrophe ou pour améliorer durablement les conditions de vie des plus démunis. Il apporte une expertise de l'un des métiers du Groupe dont il est issu : Eau, Energie, Déchets ;
La Fondation coordonne et prend en charge la logistique et les frais de déplacement ; le volontaire Veoliaforce continue à être rémunéré comme s'il officiait dans son emploi habituel.
Et les ERU ? Les volontaires Veoliaforce peuvent être mis à disposition de la Croix-Rouge française, partenaire historique de la fondation Veolia, pour intégrer les Equipes de Réponse aux Urgences (ERU). Illustration après le séisme de septembre 2023 au Maroc.
Devenir volontaire Veoliaforce ?
Les salariés du groupe Veolia peuvent demander à figurer parmi les volontaires Veoliaforce de la fondation Veolia en suivant ce lien (accès réservé aux salariés du Groupe) :
Pour quelles missions ?
Depuis sa création en 2004, la fondation Veolia a mené près de 250 missions d'expertise, tant sur des projets de développement que lors de contextes d'urgence humanitaire. Illustrations au Pakistan, à Haïti, au Liban, au Bangladesh, au Myanmar...
Retrouvez les témoignages des volontaires Veoliaforce
Marie Gaveriaux : "On revient grandit de chaque mission."
Le 6 juin, la population ukrainienne subissait de terribles inondations suite à la destruction du barrage de Kakhova. En lien avec les opérations de solidarités menées par le Centre de crise et de soutien (CDCS) du ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, la fondation Veolia a mis à disposition des stations mobiles de potabilisation de l'eau.
Ces unités - des Aquaforces 2000 - permettent d'alimenter jusqu'à 10 000 personnes, conformément aux standard humanitaires (20 litres par personne et par jour). Marie Gaveriaux, volontaire Veoliaforce, était sur le terrain fin juin pour former les équipes de Solidarités International au déploiement des Aquaforces. Elle témoigne de son expérience.
Nathalie Vigneron-Larosa : « Croiser les expertises pour trouver des solutions. »
La fondation Veolia a mis ses experts Veoliaforce à la disposition de Solidarités International, ONG présente en particulier au Myanmar, pour optimiser et adapter les solutions identifiées sur le terrain. Explications avec Nathalie Vigneron-Larosa, volontaire Veoliaforce qui a suivi le projet pendant plusieurs semaines.
Vous avez mené une mission Veoliaforce à distance, à plus de 8 000 km des camps de déplacés de Sittwe, au Myanmar. Comment s’est présentée cette mission ?
Nathalie Vigneron-Larosa : Il se trouve qu’il y a deux ans, j’ai travaillé au sein de la Direction Technique et Performance de Veolia Environnement avec Romain Verchère, qui est lui-même parti sur le terrain, avec Solidarités International. En septembre 2019, quand la Fondation m’a appelée, le sujet ne m’était donc pas complètement inconnu, cela sans avoir vu la réalité du Myanmar bien sûr.
En quoi la mission a-t-elle consisté ?
NVL : Il s’agissait d’un travail ponctuel d’études, estimées à trois semaines, pour analyser le process et dimensionner une station d’assainissement dont Solidarités International souhaitait augmenter la capacité. Il y avait également un sujet lié à la qualité de l’eau rejetée.
Comment vous êtes-vous organisée ?
NVL : On a l’avantage, à la Direction Technique et Performance, d’être assez autonome. Mon responsable a allégé mon programme de travail pour que je puisse dégager du temps. C’était d’autant plus important que les études à mener se sont avérées, comme souvent, plus denses qu’initialement envisagées ! Quand on commence à travailler sur un sujet comme une station d’assainissement dans un camp de réfugiés, on se sent a priori très loin, dans nos compétences, nos process et nos savoir-faire, mais finalement on comprend rapidement les techniques en oeuvre et les enjeux. Les procédés sont rustiques mais on s’adapte, on trouve des solutions, souvent en évoquant le sujet avec des collègues, pour croiser les expertises.
Suivre un tel projet à distance, c’est une frustration ?
NVL : Non, ça m’a beaucoup plu d’être utile et de pouvoir travailler sur quelque chose d’aussi concret tout en conservant un double confort : celui de disposer de tous mes outils professionnels et celui de poursuivre parallèlement ma vie familiale. L’envie de partir est naturellement là, mais une mission Veoliaforce à distance, c’est à la fois plus facile à faire accepter à notre hiérarchie et ça permet d’ouvrir le challenge à des gens comme moi, avec de jeunes enfants.
Arthur de Saint-Hubert : “De l’urgence qui dure...”
Arthur de Saint-Hubert, volontaire Veoliaforce de la fondation Veolia, est parti en mission en mars 2020 pour préparer le doublement de la capacité de la station d’assainissement de l’un des camps. Explications.
Vous êtes arrivé sur le terrain dans le cadre d'un projet de développement amorcé quelques mois plus tôt...
Arthur de Saint-Hubert : Oui, et très sérieusement suivi depuis un an au sein de la Fondation. Dans l’Etat du Rakhine, après plusieurs épisodes de confrontations violentes au sein de la population, des Rohingyas ont été déplacés et vivent dans des camps. L’ONG Solidarités International, partenaire de la fondation Veolia, intervient depuis plusieurs années sur le terrain pour fournir de l’eau potable et assurer l’assainissement dans les camps de Sittwe. C’est dans ce contexte que d’autres missions Veoliaforce ont précédé la mienne pour travailler sur la question de l’assainissement.
Quelle était votre mission ?
ASH : La station d'assainissement de Sittwe devait doubler de volume et être améliorée. Or il n'y a pas d'électricité : tout est fait gravitairement, la hauteur d'eau est donc l'enjeu majeur pour le bon fonctionnement de l'ensemble. Et il faut que tout soit robuste et simple d'utilisation.
En quoi consiste l'amélioration souhaitée ?
ASH : Il faut traiter une quantité substantiellement plus importante et, en plus, chercher à améliorer la qualité de ce qui sort (boues, cendres et eaux). Nous n'en sommes pas encore à une eau d’une qualité suffisante pour qu’elle soit réutilisée dans les champs au sens des recommandations de la FAO, mais nous avançons. Quant au doublement de la capacité, le chantier a démarré peu après mon départ.
Dans quelles conditions avez-vous travaillé sur le terrain ?
ASH : J’ai été assez surpris de découvrir des camps installés de longue date, qui présentent finalement un visage d’enclave très pauvre plus que de camps de réfugiés ou déplacés comme on en a le plus souvent l’image en tête. C’est sans doute la réalité de l’urgence qui dure… Une grande partie de la population est là depuis longtemps mais mes interlocuteurs, dans les camps, refusaient de se projeter : ils ne veulent pas s’imaginer encore là dans six mois.
Bref, je suis parti la fleur au fusil, sans mesurer la distance culturelle entre une ONG qui emploie, sur le terrain, une majorité de personnels locaux, et les pratiques d’un groupe très organisé comme Veolia où je travaille depuis plus de dix ans. Les premiers jours, j’étais un éléphant dans un magasin de porcelaine… Et puis j’ai compris qu’il fallait, et c’était aussi un apprentissage pour moi, prendre davantage en compte le contexte très particulier d’un terrain d’intervention humanitaire.
Antonella Fioravanti : « Une mission Veoliaforce, c’est une aventure collective ! »
Antonella Fioravanti, ingénieur au sein du groupe Veolia depuis 2001, est volontaire Veoliaforce depuis plus de quinze ans. Elle a suivi le projet mené à Haïti avec MSF depuis sa genèse.
Quand avez-vous entendu parler du projet pour la première fois ?
Antonella Fioravanti : Il y a finalement très longtemps, lors d’une première réunion chez Médecins Sans Frontières (MSF) en... 2012 ! A l’époque, ils géraient trois hôpitaux à Haïti et connaissaient déjà le principe du biodisque, une solution qu’ils voulaient mettre en œuvre dans l’hôpital du quartier Drouillard, à Port-au-Prince. Le temps a passé et le projet est resté en stand-by quelque temps avant que le projet ne reparte et que je parte en 2017 pour une mission de dix jours. Il fallait mesurer la quantité des eaux à traiter et caractériser les pollutions.
L'installation du biodisque à Haïti est un projet très complet : il y a un traitement primaire, un traitement secondaire et un traitement tertiaire. MSF a souhaité qu’une désinfection par UV des agents pathogènes résiduels soit ajoutée au projet initial pour s’assurer que ce qui est rejeté dans les égouts soit le plus neutre possible.
Cette première mission de diagnostic a conduit à dimensionner une solution de traitement ?
AF : Pas immédiatement. Il y avait beaucoup plus d’inconnus que ce que nous avions anticipé. Impossible, notamment, de visualiser la cartographie des flux. Des fosses septiques avaient été creusées un peu partout, au gré des nouveaux bâtiments construits pour agrandir l’hôpital, et on ne comprenait pas d’où venaient et où repartaient les eaux usées. Or c’est essentiel pour pouvoir faire des échantillonnages pertinents et analyser correctement ce qu’on doit traiter. La mission était plus longue que prévu. Une collaboratrice MSF a continué les analyses après mon départ, ce qui nous a permis de partir sur des données fiables.
Vous avez donc continué à suivre le projet à distance ?
AF : Oui. J’ai eu la chance de pouvoir rester impliquée dans ce projet depuis le début et jusqu’à la mise en service de la solution retenue.
Vous êtes repartie en 2020 ?
AF : Oui, nous avions, à distance, dimensionné le biodisque et commencé le chiffrage pour les équipements nécessaires mais il fallait qu’on confronte nos projections au terrain. La taille du biodisque peut changer du simple ou double selon le débit et la charge. En effet, l’hôpital avait évolué, l’environnement aussi. Nous avons modifié l’implantation initialement prévue pour le biodisque et nous sommes revenus avec un profil hydraulique et la liste des équipements à commander pour installer le tout.
Vous avez mené des missions Veoliaforce à Madagascar, en Inde, au Zimbabwe et à Cuba. Est-on toujours surpris lorsqu’on arrive sur le terrain ?
AF : Oui, et l’appréhension est toujours là. Il faut faire attention à tout, être concentré, ne pas se disperser. Autant je dois manager, animer des équipes, piloter des projets dans mon quotidien chez Veolia Water Technologies (VWT), autant je ne prends pas d’initiatives seule sur le terrain. On travaille main dans la main avec l’ONG partenaire pendant la mission et, de retour au bureau, on sollicite souvent les collègues qui prennent sur leur temps pour nous répondre. Je me suis adressée au bureau d’études de VWT pour les plans puis à un ingénieur expert quand il a été question des pompes… Une mission Veoliaforce, c’est une aventure collective !
Merel de Wildt : « L’objectif en mission, c’est de faire avancer le projet. »
Merel de Wildt, chef de projet ingénierie chez Veolia Water Technologies, a réussi à partir en mission à Haïti entre deux confinements de l’année 2020. Avec un maître-mot : l’adaptabilité…
Vous vous êtes inscrite comme volontaire Veoliaforce quelques mois seulement avant de partir sur le terrain. Comment avez-vous appréhendé cette mission ?
Merel de Wildt : J’ai en effet attendu d’être un peu plus disponible, avec des enfants qui avaient un peu grandi, pour m’inscrire, en mai 2020, pendant le premier confinement. J’ai suivi la formation quelques mois plus tard et cela a été l’occasion de découvrir le projet mené à Haïti et d’échanger sur l’éventualité d’un départ sur le terrain, compliqué par le deuxième confinement. Et je suis finalement partie pour trois semaines.
Vous aviez déjà travaillé sur des biodisques ?
MdeW : Le biodisque, c’est un équipement assez simple et rustique, adapté pour de petites communautés, par exemple des stations de sports d’hiver. Je l’avais peu pratiqué dans mon quotidien en France, mais les principes de process de traitement des eaux usées ainsi que les procédures de mise en route restent les mêmes. Et puis, surtout, la mission n’a finalement pas seulement porté que sur la mise en eau du biodisque…
Pourquoi ?
MdeW : On se doutait que le sujet de l’alimentation électrique du biodisque allait être délicat. Le câblage industriel comme il en faut pour installer ce type de coffre électrique, ce n’est pas une compétence classique à Haïti. L’installation a été beaucoup plus longue que ce que nous pouvions anticiper. On a tenté de trouver des solutions mais, au final, cela a pris trois semaines. Le challenge a finalement été d’arriver à câbler correctement le coffret pour que le biodisque puisse démarrer. La mise en eau ne pouvait intervenir qu’une fois ce sujet réglé.
Vous étiez pourtant venue pour cela. Ce n’était pas frustrant ?
MdeW : Pas du tout : l’objectif en mission, c’est de faire avancer le projet. Alors on essaie de trouver des solutions, on analyse la situation, on appelle des collègues. Heureusement, je sais lire les schémas électriques, donc j’arrivais à transcrire les problématiques. Le référent de Médecins Sans Frontière sur place s’est également beaucoup impliqué pour débloquer les situations. Une étape importante a été franchie une fois la partie électrique finalisée et j’ai réussi à mettre en eau 30 minutes avant mon départ pour l’aéroport ! En parallèle j’avais pu faire des analyses sur l’eau brute et préparer les protocoles des analyses à faire sur place pour que mon interlocuteur MSF, qui restait une semaine de plus, puisse suivre la mise en route process.
Comment avez-vous organisé votre absence, au bureau et chez vous ?
MdeW : Au travail, j’avais organisé un plan d’action pour que tous mes interlocuteurs sachent à qui parler en mon absence. C’est la condition sine qua non pour partir en mission trois semaines. Et chez moi, et bien… J’avais anticipé ! Dès mon inscription, nous nous étions mis d’accord, avec mon conjoint, sur l’organisation à prévoir en cas de mission. Devenir volontaire Veoliaforce, c’est un choix qu’on ne peut pas faire seul quand on vit en famille.
Romain Duthoit : “La collecte des déchets a pris une nouvelle dimension à Atar.”
Responsable d’exploitation tri et valorisation à Oissel (Normandie), Romain Duthoit est parti à Atar fin 2021. Après avoir participé à la recherche des véhicules dont la ville d’Atar a été dotée, il a formé les personnels à leur utilisation et à leur entretien.
Cette mission en Mauritanie était votre première mission Veoliaforce ?
Romain Duthoit : Oui et à vrai dire, je ne suis pas devenu volontaire auprès de la Fondation pour partir à tout prix à l’autre bout du monde. Ma démarche a toujours été de m’inscrire dans un projet de long terme et, ponctuellement, au gré des besoins, de pouvoir donner un coup de main.
Votre implication sur ce projet a d’ailleurs débuté par un coup de main…
RD : Il se trouve que, dans mon parcours, j’ai fait de la collecte de déchets et, aujourd’hui, je m’occupe d’un centre de tri. Quand il a été question d’identifier des véhicules susceptibles d’être donnés à la mairie d’Atar pour optimiser la gestion des déchets, je savais où trouver, dans ma région de Normandie, une chargeuse et un camion ampliroll (avec bennes amovibles) qui ne répondaient plus aux exigences locales mais pouvaient encore servir.
Votre départ en mission a été, dans le contexte de la crise sanitaire, retardé à plusieurs reprises. Cette attente était-elle frustrante ?
RD : Non parce que nous l’avons mise à profit pour échanger et préparer, au mieux, la réception des véhicules sur place et la formation à venir. Il y avait, en particulier, un gros travail à faire pour… convaincre les services d’Atar d’accepter le camion et la chargeuse ! Ils n’avaient, jusqu’à présent, utilisé que de vieux camions Mercedes à benne fixe et n’imaginaient pas pouvoir conduire autre chose. Il y avait aussi des craintes sur l’accès à des pièces de rechange en cas de panne. Bref, il a fallu rassurer, expliquer qu’à quelques centaines de kilomètres, au Sénégal, le même type de véhicule était utilisé, que le SAV serait donc possible, etc.
Sur le terrain, y a-t-il eu des surprises ? Bonnes… ? Mauvaises… ?
RD : Notre plus grande difficulté a été la barrière de la langue. Peu de Mauritaniens parlent français, la grande majorité n’échange qu’en arabe. Mais on est arrivé à se comprendre ! Et il le fallait parce qu’ils posaient beaucoup de questions et que nous devions passer en revue l’utilisation et la maintenance, de la chargeuse en particulier (graissage, niveaux, filtres…).
Comment votre équipe a-t-elle pu pallier votre absence, au centre de tri de Oissel ?
RD : Tout le monde a été très moteur sur le sujet. Je suis parti à Atar mais toute l’équipe a, indirectement, participé au projet. A mon retour, j’ai montré beaucoup de photos pour expliquer ce que j’avais fait pendant dix jours.
Quelle est l’étape suivante ?
RD : L’AIMF pilote une étude de caractérisation des déchets menée par un bureau d’études local pour voir ce qui pourrait être fait en termes de recyclage. Les spécificités de consommation sont très variables d’une population à une autre. Prenez le papier-carton, il serait inutile d’envisager du recyclage, les Mauritaniens le donnent à manger aux chèvres ! Donc nous n’en sommes qu’aux prémices de la réflexion mais la collecte des déchets a déjà pris une nouvelle dimension à Atar.
Frédéric Gogien : “J’ai un peu le sentiment paradoxal d’avoir reçu plus que je n’ai donné.”
Expert Assainissement à la Direction des opérations de la région Centre-Est de Veolia, Frédéric Gogien a passé trois semaines au Mozambique après le passage du cyclone Idai. Son intervention, en deuxième rotation, a permis de passer la main aux Mozambicains pour exploiter les Aquaforces, unités mobiles de traitement de l’eau de la Fondation Veolia. Retour d’expérience.
Vous êtes parti en binôme en deuxième rotation, donc pour succéder à un autre duo de volontaires Veoliaforce. En quoi a consisté votre mission ?
Frédéric Gogien : Les Aquaforces avaient été déployées avant notre arrivée. Quand on prend le relais quelques semaines après les événements comme nous l’avons fait avec Marie Gaveriaux, l’objectif est de sécuriser et d’optimiser la production d’eau, puis d’en transférer le contrôle à des équipes locales.
Comment s’est déroulée cette phase de formation ?
FG : Nous avons travaillé avec quatre Mozambicains qui ont vite gagné en autonomie sur le fonctionnement quotidien des machines. L’enjeu était de s’adapter en permanence au contexte.
Vous y avez gagné le surnom d’ “Inspecteur Gagdet”...
FG : Les jeunes que nous formions m’appelaient comme ça en effet ! Je pars du principe qu’il faut faire avec ce qu’on a dans les caisses pour que ça fonctionne au mieux. Cela conduit parfois à être inventif… Au-delà de l’anecdote, il faut faire preuve d’une grande capacité d’adaptation pendant ce type de mission. Solidarités International, l’ONG avec laquelle nous avons travaillé, ne savait pas elle-même combien de temps elle allait pouvoir rester. Or il fallait trouver un cadre et une organisation pour sécuriser l’exploitation des Aquaforces et donc l’accès à l’eau pour des centaines de personnes : qui pourrait acheter les consommables, qui rémunérerait les agents affectés aux stations, qui planifierait la présence de tel ou tel... On serait partis et la production se serait arrêtée, je l’aurais vécu comme un échec. In fine, ça s’est miraculeusement bien passé. Deux ONG ont succédé à Solidarités International. On est parti proprement, dans de bonnes conditions, en faisant les transferts comme il fallait. J’ai poursuivi les échanges avec les équipes sur place jusqu’à récemment et ça tourne encore.
Comment retrouve-t-on le rythme quotidien au retour ?
FG : Il y a à la fois un sentiment gratifiant, lié au fait que je travaille pour un groupe qui me permet de m’engager dans ce type de mission sur mon temps de travail, et une réadaptation nécessaire à une activité très différente de ce qu'on a vécu pendant trois semaines. Dans mes fonctions chez Veolia en région Centre-Est, je produis beaucoup de documents : analyses, rapports, etc. A Beira, je produisais de l’eau !
Quel bilan tirez-vous de cette expérience ?
FG : J'ai beaucoup appris techniquement et rencontré des gens très attachants. Finalement, j’ai un peu le sentiment paradoxal d’avoir reçu plus que je n’ai donné.
Propos recueillis par la Fondation Veolia.
Marlène Cothenet : "J'ai été impressionnée par la résilience de la population."
Ingénieur études et projets Eau, Marlène Cothenet travaille chez Veolia depuis 2012. Elle est responsable de l’unité Etudes et projets au sein d'Eau du Grand-Lyon où elle travaille depuis quatre ans, après une expérience à la direction régionale Centre-Est.
Vous avez été volontaire pour partir à Beira, au Mozambique pour venir en aide à la population touchée par le passage du cyclone idai. En quoi a consisté cette mission menée avec la Fondation Veolia ?
Marlène Cothenet : L’objectif était d’apporter de l’eau potable aux plus démunis, à la fois pour subvenir aux besoins primaires de ceux qui avaient tout perdu, et pour tenter d’enrayer l’épidémie de choléra attendue dans cette région où la maladie est déjà endémique.
Vous arrivez sur place en tant que volontaire Veoliaforce pour travailler avec une ONG partenaire : Solidarités International. Quelles sont les premières priorités ?
MC : Notre objectif était d’identifier les lieux où déployer deux Aquaforce 2 000, les stations mobiles de potabilisation de l’eau conçues par la Fondation Veolia. C’était d’autant plus difficile que les besoins n’étaient pas évidents à estimer, la population étant encore en mouvement (premiers retours dans les maisons partiellement détruites en milieu urbain, arrivées dans des camps après avoir quitté les campagnes dévastées...) Avec mon binôme, Romain Thémereau, autre volontaire Veoliaforce, nous avons donc passé quelques jours à sillonner la région avant d’arriver au village de Tica-Muda, à 60 km de Beira, où un camp de déplacés avait été installé. La première Aquaforce 2 000 y a été déployée. La seconde le sera dans un quartier de Beira particulièrement touché par le choléra, à Maraza.
Comment les Mozambicains perçoivent-ils ces nouveaux venus de l’étranger ?
MC : Dans les zones où nous sommes intervenus, les Mozambicains ont bien accueilli les intervenants extérieurs. J’ai été impressionnée par la résilience de la population. A Beira, la mobilisation a été très rapide pour commencer à reconstruire, réparer les toits ou encore nettoyer les rues. La situation est plus difficile pour ceux qui vivent en milieu rural : ils ont perdu leur maison mais aussi les cultures agricoles qui étaient leur moyen de subsistance. Les témoignages sont assez poignants.
L’eau produite au moyen d’équipements peu connus est-elle bien accueillie ?
MC : Dans les camps, les Mozambicains étaient preneurs avant même que l’eau ne soit prête. Et puis nous avons eu la visite d’un ministre qui, comme nous, a bu l’eau issue des Aquaforces. Ça rassure !
Comment communiquiez-vous avec la population lusophone ?
MC : Je parlais… Portugol ! Un peu d’Espagnol et beaucoup de système D et l’aide de Mozambicains anglophones pour traduire.
Quand quel état revient-on de trois semaines en situation d'urgence humanitaire ?
MC : On revient vite à son rythme quotidien avec, naturellement, un sentiment de décalage les premiers temps. Les journées sur place sont intenses avec un contexte d’urgence et de survie très éloigné de notre confort français.
Propos recueillis par la Fondation Veolia
Marie Gaveriaux : “Former les Mozambicains pour assurer la pérennité de l’accès à l’eau.”
Ingénieur chimiste et procédés chez Veolia Eau, Marie Gaveriaux a passé trois semaines au Mozambique en avril, dans la région de Beira, après le passage dévastateur du cyclone Idai. Volontaire Veoliaforce, elle a formé des Mozambicains à exploiter les équipements de la Fondation.
Vous êtes partie un mois après le passage du cyclone tropical Idai qui a notamment touché la côte portuaire du Mozambique. Quelles ont été vos premières impressions à l'arrivée ?
Marie Gaveriaux : Les habitants ont fait preuve d’une résilience étonnante : les rues ont été très vite débarrassées des débris. Mais la situation était clairement plus difficile dans les régions rurales qu'à Beira, pourtant seconde ville la plus importante du pays avec ses 500 000 habitants.
A titre personnel, j’ai découvert l’univers de la coordination humanitaire, un monde que je ne connaissais pas du tout. On ne se doute pas de l’organisation qui se met en place après de telles catastrophes. Et je tire d’ailleurs mon chapeau à Solidarités International, l’ONG partenaire de la Fondation Veolia, avec qui nous avons travaillé.
Sur le terrain, vous avez succédé, avec Frédéric Gogien, à un autre binôme de volontaires Veoliaforce. Quelle a été votre mission ?
MG : Avant notre arrivée, deux Aquaforce 2000 avaient été déployées par Marlène Cothenet et Romain Thémereau avec Solidarités International. Notre mission a finalement consisté à organiser la suite : optimiser la qualité de l’eau produite et surtout former une équipe de Mozambicains pour assurer la pérennité de l’accès à l’eau.
Comment s’est déroulée la formation avec la difficulté de ne pas parler le Portugais ?
MG : On se débrouille : un peu d’anglais, un peu d’espagnol... Et beaucoup de gestes ! Et puis nous étions deux, c’est important. Chacun a naturellement trouvé sa place et ses modes d’expression. Nos stagiaires ont d’ailleurs très vite surnommé Frédéric Gogien "l’Inspecteur Gadget"... L’objectif était que les quatre jeunes Mozambicains que nous formions soient autonomes. Et au bout de quelques jours, ils démarraient eux-mêmes les Aquaforces.
Comment avez-vous organisé votre absence au sein de l’équipe de Veolia Water Technologies (Saint-Maurice, Val de Marne, Veolia Eau) ?
MG : Le planning n’était pas idéal avec le départ de ma chef de projet en congé maternité le jour où je devais partir. Mais mes supérieurs ont été d’un grand soutien : ils m’ont donné leur accord un dimanche et nous avons organisé la transition au mieux pour que je puisse m’absenter sans que l’équipe n’ait trop à en souffrir.
Quel bilan tirez-vous de cette mission ?
MG : Je suis partie avec le sentiment d’avoir vécu une expérience extraordinaire : j’ai beaucoup appris, sur moi-même, sur le pays… Le retour est forcément un peu violent : il faut se reconnecter avec la réalité. On a passé trois semaines sur le terrain, à s’adapter tous les jours, à improviser parfois pour trouver les meilleures solutions. On retrouve une vie à la fois plus sédentaire et plus réglée. C’est le jeu !
Propos recueillis par la Fondation Veolia.
Camille Beaupin : “Le temps n’a pas la même valeur dans l’urgence humanitaire qu’ailleurs.”
Vous avez été sollicitée en tant que volontaire Veoliaforce pour partir en mission. Comment s’organise un départ dans ce contexte d’urgence humanitaire ?
Camille Beaupin : Il faut bien sûr anticiper son absence au travail et chez soi et se mettre en condition pour être réactif, pour être en mesure de prendre un avion dès le lendemain. L’intendance gérée, on peut se consacrer complètement à sa mission.
Pour moi qui n’avais jamais pratiqué d’intervention post-catastrophe humanitaire, l’arrivée sur le terrain est d’ailleurs un peu déroutante. Les intervenants sont nombreux, la coordination se fait au mieux mais la transmission de l’information n’est pas toujours parfaite. Bref, j’ai découvert les premiers jours les coulisses de l’action humanitaire : recenser les besoins, adapter les ressources, répartir les moyens… C’est un vrai métier.
Sur place, en binôme avec un permanent de la Fondation, vous avez déployé une Aquaforce 2000, unité mobile de potabilisation de l’eau conçue par les ingénieurs de la Fondation, avec Médecins sans Frontières.
CB : Oui, c’était à quelques dizaines de kilomètres de Dombé, à l’ouest de Beira. Il a fallu identifier le meilleur point d’approvisionnement en eau et organiser l’accès à des rampes de distribution que nous avons voulu installer au plus près des populations, soit 1 kilomètre de tuyaux à faire courir en pleine nature.
Quelles ont été vos relations avec la population mozambicaine ?
CB : Parce que nous produisions de l’eau avec des équipements que les Mozambicains ne connaissaient pas, il a bien sûr fallu se montrer pédagogue, boire l’eau issue de l’Aquaforce et, globalement, expliquer nos faits et gestes. Mais au-delà de notre intervention de volontaires Veoliaforce, j’ai trouvé la population très dynamique malgré le drame qui la touche. Les gens sont dans une logique de résilience et cherchent déjà à se reconstruire de manière assez autonome. C’est impressionnant et, parfois, je me demandais comme nous réagirions, en France, face à un tel événement...
Qu’est-ce qui vous a le plus étonné pendant cette mission ?
CB : Il faut savoir s’adapter pour gérer les aléas : les situations évoluent chaque jour, chacun veut faire au mieux mais doit se coordonner avec les autres acteurs présents. Et puis vous êtes en relation avec des interlocuteurs extérieurs, sans toujours bien comprendre que c’est le week-end ailleurs dans le monde et que les décisions ne se prendront donc que lundi… Le temps n’a pas la même valeur dans l’urgence humanitaire qu’ailleurs.
Sylvain Delage : “A Dombé, les gens n’ont plus rien”
Sylvain Delage, chef d’équipe maintenance à la station d’assainissement Amphitria dans le Var, a passé trois semaines en missions au Mozambique après le passage du cyclone Idai. L’occasion de découvrir toute la logistique humanitaire déployée après une telle catastrophe.
Vous êtes parti en mission début avril pour une deuxième rotation de volontaires Veoliaforce après le passage du cyclone Idai au Mozambique. Quelles ont été vos premières impressions sur le terrain ?
Sylvain Delage : C’est à la fois étonnant parce qu’on ne sait pas grand chose de ce qui nous attend et, en même temps, tout paraît assez organisé. Je ne savais pas qui allait me réceptionner à Beira mais j’ai suivi mon bagage qu’un chauffeur embarquait dans une voiture de Médecins Sans Frontières… Puis briefing avec les équipes de l’ONG, partenaire de la Fondation Veolia, et, très vite, on est sur le terrain. Bref, on s’insère dans des process fluides malgré un contexte d’urgence humanitaire.
A Beira puis à Dombé, vous avez assuré l’exploitation d’Aquaforces, unités mobiles de production d’eau conçues par la Fondation Veolia, et formé des personnels à leur utilisation.
SD : Oui, les volontaires Veoliaforce partis en première rotation déploient les équipements et ceux, comme moi, qui arrivent pour une deuxième rotation, assurent l’exploitation et préparent la vie des Aquaforce après notre départ. Avec Julien de Sousa à Beira, puis avec Camille Beaupin à Dombé, nous avons donc formé des collaborateurs de Médecins Sans Frontières et des Mozambicains volontaires pour que la production d’eau se poursuive après nos interventions respectives.
Vous avez donc travaillé en zone urbaine, à Beira, et dans la région rurale de Manica, à Dombé. Comment y vivent les populations touchées par Idai ?
SD : C’est très différent d’un environnement à l’autre. A Beira, la reconstruction a commencé, vous croisez beaucoup de monde dans les marchés, il y a des sourires, bref, la résilience est à l’œuvre. Dans les zones rurales, l’atmosphère n’a rien à voir. Les gens n’ont plus rien : ils ont faim, vous hèlent le long des routes, racontent les trois jours passés dans les arbres à attendre que l’eau baisse… Le climat est aussi plus difficile et les conditions de vie, en tant que volontaire Veoliaforce, sommaires : pas d’eau, pas d’électricité… Il faut s’acclimater.
Comment se passe le retour après trois semaines en mission ?
SD : Une mission Veoliaforce, c’est, globalement, une grosse charge d’informations visuelles. L’attention est maximale et permanente et les journées chargées. En revenir, c’est finalement retrouver un rythme plus classique. Et, me concernant, une bonne nuit de sommeil et ça repart ! Les collègues sont assez curieux de ce que j’ai fait pendant trois semaines, je prépare donc un retour, avec beaucoup de photos, pour leur expliquer.
Propos recueillis par la Fondation Veolia
Romain Thémereau : "Une raison de plus d'aimer mon métier"
Romain Thémereau, responsable d'une usine de production d'eau potable pour Veolia dans le Loir-et-Cher, a passé trois semaines au Mozambique pour apporter son aide en tant que volontaire Veoliaforce après le passage du cyclone Idai.
Vous êtes parti quelques jours seulement après qu'Idai, cyclone de catégorie 4, a dévasté la région de Beira au Mozambique. Quelles ont été vos premières impressions sur le terrain ?
Romain Thémereau : Tu prends une claque ! Les maisons ont perdu leur toit, les arbres sont étêtés... Je m'y étais préparé mais c'est impressionnant. J'étais déjà parti au Kurdistan irakien pour la Fondation Veolia sur une mission de formation, mais les catastrophes naturelles et l'urgence humanitaire, c'est très particulier.
Sur place, qu'avez-vous fait ?
RT : En binôme avec Marlène Cothenet, autre volontaire Veoliaforce, nous avons notamment déployé deux Aquaforces 2000, des unités mobiles de production d'eau potable conçues par la Fondation Veolia. Il a fallu identifier des lieux opportuns, dans Beira et ses alentours, avant de procéder à l’installation des équipements afin que l’eau produite soit la plus utile. Puis nous avons formé des Mozambicains pour qu'ils puissent continuer à faire fonctionner les Aquaforces après notre départ.
Vous êtes parti trois semaines. Comment cette absence, sur votre temps de travail, a-t-elle été gérée par vos collègues ?
RT : J'ai la chance d'avoir une équipe autonome sur l'usine dont je m'occupe, à Blois. Parallèlement, ma responsable hiérarchique m'avait donné son accord et tout le monde a mis la main à la pâte pour que cela se passe au mieux.
Et le retour ?
RT : Au retour, il faut 24h pour reprendre pieds. Et puis on prend conscience de notre chance, du confort de notre vie. Clairement, les actions de la Fondation Veolia sont en phase avec mes valeurs personnelles. Une telle mission, c'est une raison de plus d’aimer le métier que j’exerce en France. Cet investissement est essentiel pour moi : c'est un point d'équilibre entre mon quotidien et mes convictions d’une indispensable solidarité.
Propos recueillis par la Fondation Veolia