Valérie Ingrand (Veolia) : “Notre Recherche a des compétences utiles pour le secteur humanitaire.”

Témoignage de la responsable du pôle Analyses, Département des expertises scientifiques et techniques de Veolia, sur l'engagement Veoliaforce de ses équipes.

A Bata, capitale économique de la Guinée équatoriale, l’explosion d’un dépôt de munitions a suscité inquiétude et incertitude. L’Unicef, dans le cadre de son appui humanitaire au Gouvernement équatoguinéen, a sollicité la fondation Veolia, stand-by partenaire de longue date, pour examiner le risque de contamination.

Avec les équipes du Département des Expertises Scientifiques et Technologiques de Veolia, la Fondation a vérifié l’état de contamination de la ressource en eau potable (eau souterraine, eau de rivière). Explications avec Valérie Ingrand, Responsable du pôle Analyses chez Veolia.

 Les laboratoires de recherche de Veolia sont rarement en première ligne lors de missions Veoliaforce. Comment votre équipe s’est-elle retrouvée au cœur de cette intervention ?

Valérie Ingrand : C’est en effet la première fois qu’une sollicitation de la Fondation se traduit par la mise en œuvre d’activités de laboratoire. Et c’est très grisant ! Les équipes du pôlae Analyses ont dû, rapidement, réorganiser leurs plans de charge pour gagner en réactivité et en souplesse. Il a fallu mettre en place une organisation agile pour s’adapter aux conditions particulières d’une mission Veoliaforce qui impliquait des prélèvements de terrain et des analyses en laboratoires.

Concrètement, comment se prépare-t-on à une mission d’analyse de la ressource en eau ?

VI : La première équation à résoudre était d’identifier les meilleures solutions de prélèvement et d’analyse en prenant en compte l’éloignement géographique, les contraintes du site, la stabilité des micropolluants à transporter, etc. Puis il a fallu préparer des solutions de prélèvements sur la base du matériel disponible, former Karim Helmi, chef de projets, qui partait sur le terrain… Et c’est finalement sur un quai de RER que Karim a pu récupérer le matériel juste avant son départ !

Déploiement in situ d’échantillonneurs passifs de type Pocis afin de quantifier la composition

 

Pendant sa mission en Guinée équatoriale, le volontaire Veoliaforce a-t-il rencontré des difficultés ? 

VI : Nous avons fait face à plusieurs problématiques qui ont challengé nos modes opératoires. D’abord, l’explosion ayant eu lieu quelques semaines avant notre arrivée, nous avons opté pour un dispositif basé sur plusieurs préleveurs passifs pour améliorer la sensibilité de nos outils et ne pas passer à côté de micro-pollutions. Il nous a également fallu adapter nos équipements qui n’avaient jusqu’ici jamais été utilisés pour identifier des résidus d’explosifs. Nous avons recherché les propriétés physico-chimiques de tels résidus pour être sûrs qu’ils soient captés lors des analyses. Enfin, la solution de prélèvement que nous avons mise en place prenait également en compte le fait que les micropolluants devaient être stabilisés entre le prélèvement et l’analyse.

Vous évoquiez les contraintes propres au terrain. Etiez-vous en relation avec Karim Helmi pendant les opérations de prélèvements ?

VI : Oui, toute l’équipe s’est mobilisée pour lui apporter un soutien en temps réel pour parer au contexte pour le moins inhabituel. Il nous envoyait des photos pour qu’ensemble, nous puissions identifier la meilleure façon de procéder.

Valérie Ingrand
Responsable du pôle Analyses, Département des Expertises Scientifiques et Technologiques de Veolia

Une équipe mobilisée

Sous l’autorité de Valérie Ingrand, Responsable du pôle Analyses, Jonathan Coulmin, Daniela Krcic, Gaëla Leroy, Michel Letort, Patricia Mivelaz et Christophe Tondelier se sont mobilisés pour soutenir Karim Helmi à distance et mener à bien l’ensemble des analyses et interprétations.

EN SAVOIR PLUS :

Qu’ont révélé les analyses réalisées dans les laboratoires de recherche ?

VI : Nous avons mis en place une expertise analytique appelée “empreinte chimique 4000”, qui consiste à rechercher environ 4 000 micropolluants d'intérêt environnemental, à laquelle nous avons ajouté les données analytiques de 70 résidus d’explosifs, pour parfaire le spectre d’examen au vu du contexte. Les résultats se sont avérés très rassurants, avec à des niveaux de pollution qu’on retrouve habituellement dans les eaux de surface en Europe. Et aucun résidu d’explosif n’a été identifié.

Que représente le fait d’être volontaire Veoliaforce pour un chercheur du Groupe ?

VI : Pour les collaborateurs du Département des Expertises Scientifiques et Technologiques, travailler pour la Fondation, c’est se sentir pleinement “ressourceurs” : ne rien lâcher et avancer ensemble. Cette solidarité entre volontaires Veoliaforce est, nous l’avons vécue, nécessaire pour imaginer des solutions adaptées à l’urgence. Il faut basculer en mode “task force” pour réfléchir ensemble et gagner en réactivité. C’est une condition de l’efficacité et, pour nous chercheurs, un mode opératoire un peu différent de notre quotidien. Les équipes changent de paradigme professionnel et y gagnent en soft skills.

Sur le plan humain, le volontariat Veoliaforce, c’est très gratifiant. La fondation Veolia n’est pas une ONG mais elle est reconnue par les ONG comme un acteur précieux du secteur. On l’a bien perçu. Quand on est en deuxième ligne, c’est une expérience source de beaucoup de fierté. Notre Recherche a des compétences utiles pour le secteur humanitaire et nous l’avons, en Guinée équatoriale et dans nos laboratoires, vu très concrètement avec cette mission.