Concevoir et développer des innovations pour les acteurs de l’humanitaire

En apportant son soutien à Médecins Sans Frontières (MSF), la fondation Veolia confirme sa volonté d’innover aux côtés de ses partenaires. Avec l’ONG, elle s’est engagée dans un vaste programme de recherche-action pour tester de nouveaux modes opératoires et de nouveaux équipements susceptibles d’être mis en œuvre en situation d’intervention humanitaire.
Watsan, Sud Soudan, crédits Nick Owen, MSF

Humanitaire et Développement

Lieu :
Monde

Parrains :
Clément Petit
Thibaut Constant
Damien Machuel
Romain Verchère

Dotations :
100 000 € au Comité du 17/10/2014 pour le programme de recherche/innovation
50 000 € au Comité du 17/10/2014 pour le projet de Moissala
150 000 € au Conseil d’administration du 26/01/2016
200 000 € au Conseil d’administration du 13/02/2017
200 000 € au Conseil d’administration du 17/12/2018
170 000 € au Conseil d’administration du 16/12/2019
160 000 € au Conseil d’administration du 17/05/2021
150 000 € au Conseil d'admininstration du 13/06/2022
150 000 € au Conseil d'admininstration du 12/06/2023

Porteur du projet

Médecins sans Frontières (MSF)

MSF et la fondation Veolia travaillent ensemble sur des problématiques d'innovation technique avec la volonté d'adapter la compétence des experts Veoliaforce de la fondation Veolia au contexte humanitaire.
Thibaut Constant
Parrain

La fondation Veolia et Médecins Sans Frontières (MSF) sont des partenaires de longue date. Dès 2010, la lutte contre le choléra menée en République démocratique du Congo (RDC) a conduit à une première collaboration avec la réhabilitation et l’extension du réseau d’eau potable de la ville de Kalémie, au Katanga. Ont suivi, peu après, le déploiement et le test d’une station de traitement d’eau d’urgence (Aquaforce 500) dans des camps de réfugiés au nord de l’Ouganda.

Un double objectif

Forts de ces premiers succès, les deux partenaires ont signé en 2015 une convention-cadre pour formaliser leurs relations dans l’intervention humanitaire. Le principe est simple : MSF sollicite la fondation Veolia pour un appui en recherche/action, alimenté par les compétences techniques disponibles au sein du groupe Veolia ; la Fondation met à disposition de MSF ses experts volontaires Veoliaforce pour l’accompagner dans ses projets de recherche et d’innovation sur des problématiques liées à ses activités sur le terrain et dans des domaines proches des métiers du groupe Veolia (assainissement et eau potable, déchets, énergie). L’objectif est de tester de nouveaux modes opératoires et équipements pour permettre à MSF de mieux maîtriser son empreinte environnementale et de gagner en autonomie lors des interventions humanitaires.

Des concrétisations au Tchad et au Kenya

Le domaine de l’énergie a permis une première concrétisation de ce partenariat avec un projet pilote d’alimentation en énergie solaire photovoltaïque. Au sud du Tchad, dans la région de Moissala, MSF mène depuis 2010 un projet d’ampleur sur la prévention et la prise en charge du paludisme, première cause de mortalité des enfants de moins de cinq ans dans ce district. L’ONG possède sur place une base vie qui accueille entre cinq et dix expatriés ainsi que du personnel local, et abrite un stock important d’équipements et de médicaments. La situation particulièrement isolée de cette base vie, sa taille moyenne et l’ensoleillement important dont elle bénéficie en ont fait une cible de choix pour tester une solution d’alimentation en énergie solaire photovoltaïque. En 2015, Grégory Gamboua, chargé de mission Innovation au sein du département logistique de MSF, s’est rendu au Tchad pour tester un système photovoltaïque hybride. L’objectif est de rendre autonome la mission tout en la sécurisant en termes d’alimentation électrique.

Renouvelé en 2015, le partenariat a gagné en densité. A l’ouest du Kenya, MSF conduit un programme de lutte contre le VIH. Un centre de dépistage et de petite chirurgie itinérant a été conçu pour sillonner pendant deux ans le comté de Ndhiwa, particulièrement touché par le virus. La Fondation a participé au dispositif en mettant à disposition une Aquaforce 500, unité de traitement mobile de l’eau, pour alimenter le centre de santé. Des volontaires Veoliaforce se sont succédé sur place pour former les personnels de MSF au montage et à l’exploitation de cette Aquaforce. Les deux partenaires ont également travaillé sur la production d’un guide de terrain sur les générateurs hybrides solaires, sur la réalisation d’un kit solaire « plug and play » de 6 kVA ainsi que sur d’autres projets dans les énergies renouvelables.

Des innovations dans l’eau et l’assainissement

En 2016, l’accent a été mis sur l’innovation dans le secteur de l’eau et de l’assainissement. A la demande de MSF, la Fondation a développé la gamme Aquaforce en imaginant un modèle destiné à alimenter 15 000 personnes en eau : l’Aquaforce 15 000. Des tests, concluants, ont permis d’apporter des améliorations au design initial du produit en favorisant son adaptation aux contraintes de terrain. En 2018, un prototype grandeur nature a été testé en Ouganda, dans un contexte de déplacement massif de population fuyant la République démocratique du Congo. Ce premier déploiement a permis non seulement d’endiguer l’épidémie de choléra naissante, mais également de valider les choix faits lors du développement de cette nouvelle station de traitement.

Parallèlement, MSF continue à utiliser l’Aquaforce 500 qui a d’ailleurs fait l’objet, en 2017, de déploiements concertés dans des hôpitaux de moyenne à grande taille, notamment à Al Qayyara (Sud Mossoul). Des solutions de filtration d’eau familiales et communautaires ont également, en 2017, fait l’objet d’études comparatives.

L’effort de recherche mené par les deux partenaires touche également la question de l’assainissement et du traitement des eaux usées. La Fondation accompagne MSF dans l’évaluation de solutions techniques de traitement des effluents en particulier via la définition d’une méthodologie de suivi et d’outils de mesure adaptés aux contextes d’intervention. Les deux partenaires ont notamment travaillé, en 2016, sur des latrines à déshydratation. Installées en Ouganda et au Soudan du Sud, elles sont le fruit de l’adaptation de solutions préexistantes, testées sur le terrain par les équipes de MSF. Le Sud-Soudan a également été le terrain de tests pour un projet de traitement des excreta par des bio-activateurs. En 2018, le travail conjoint des équipes a porté sur le dimensionnement d’une station de traitement d’eaux usées pour un hôpital de MSF en Haïti (biodisques).

Du côté de la gestion des déchets, les ressources fournies par la Fondation ont permis le développement de plusieurs types d’incinérateurs destinés à des centres de santé ou des bases vie.

Un programme d’étude des solutions de traitement des eaux usées a également été lancé en Haïti puis, en 2017, étendu à d’autres pays avec l’objectif de proposer un standard de qualité que pourra respecter MSF dans le traitement des effluents de ses missions dans le monde. Autre piste, des tests de produits biologiques permettant la diminution des volumes des excrétas retenus dans les latrines en situation d’urgence humanitaire ont été mis en place en 2017. Le traitement des effluents cholérique reste un autre sujet d’étude, suivi avec le concours de l’université de Brighton.

La formation des personnels de MSF

Le partenariat recouvre enfin un volet formation : la Fondation accompagne MSF dans le changement culturel qui va de pair avec l’innovation et mène des missions sur le terrain pour familiariser les équipes avec le matériel mis à disposition. En 2017, les deux partenaires ont ainsi prévu d’intégrer, dans le parcours de formation des équipes opérationnelles de MSF, des sessions de sensibilisation sur l’Aquaforce 500 afin qu’elles intègrent cette technologie parmi les options à leur disposition pour l’approvisionnement en eau potable lors des différentes missions.

L’innovation est au cœur de la démarche de la fondation Veolia. Le soutien au programme de recherche-action mené avec MSF est d’ailleurs renouvelé fin 2018, fin 2019, mi-2021 et mi-2022. Le travail mené avec cet acteur majeur des réponses humanitaires internationales confirme la pertinence de l’approche et valorise les expertises du réseau Veoliaforce.

Les sujets de recherche et innovation

Eau potable

  • Optimisation des stations de potabilisation de l'eau Aquaforce et généralisation de leur utilisation en urgence, notamment de l'Aquaforce RO destinée à traiter l'eau saumâtre
  • Pompage hybride solaire/thermique (installation pilote, au Tchad, de pompes hybrides)
  • Electrochloration (solaire ou non) et module de chloration en ligne (test sur un hôpital de MSF et sur deux centres de santé communautaires au Tchad)
  • Contrôle de la qualité de l’eau dans les réseaux (biofilms et contaminations bactériennes, dont Pseudomonas aeruginosa), notamment dans les réseaux hospitaliers (Haïti)

Assainissement

  • Recherche et test sur les biodisques en tant que solution de traitement des eaux usées (expérimentation sur des hôpitaux gérés par MSF à Haïti) avec optimisation du processus de désinfection par l’ajout d’un traitement tertiaire UV-LED
  • Désinfection tertiaire des eaux usées de l'hôpital de Sica, en République Centrafricaine,
  • Gestion des boues de latrines à Old Fangak, au Sud-Soudan
  • Latrines hors sol
  • Bio-activateurs de digestion des excreta dans les latrines
  • Développement et test d'un laboratoire de terrain pour les boues fécales et eaux usées
  • Reuse des effluents hospitalier au Yémen : résultats d’analyse et proposition de design

Hygiène et déchets

  • Recyclage des ressources et/ou élimination
  • Station de lavage des mains à eau recyclée
  • Recyclage des déchets dangereux produits sur les projets (batterie plomb/acides notamment) avec
    • Le développement d'une filière de recyclage des batteries au Kenya pour les missions implantées localement
    • La montée en compétence sur les contraintes réglementaires au transport de DEEE dans un pays limitrophe au Sud-Soudan
  • Identification et modes de traitement des molécules dangereuses utilisées dans les thérapies, notamment les anticancéreux (molécules cytotoxiques)
  • Capitalisation et création d’outils d’aide à la décision afin de permettre la sélection de la solution la plus adaptée aux spécificités de chaque déchet et de chaque mission.