Camille Beaupin : “Le temps n’a pas la même valeur dans l’urgence humanitaire qu’ailleurs.”

Ingénieure chimiste, Camille Beaupin travaille au sein du groupe Veolia depuis 2012. Elle vient de passer une quinzaine de jours en mission au Mozambique pour apporter de l’eau aux populations touchées par le passage du Cyclone Idai. De retour à Perpignan, elle raconte son expérience sur le terrain.

Vous avez été sollicitée en tant que volontaire Veoliaforce pour partir en mission. Comment s’organise un départ dans ce contexte d’urgence humanitaire ?
Camille Beaupin : Il faut bien sûr anticiper son absence au travail et chez soi et se mettre en condition pour être réactif, pour être en mesure de prendre un avion dès le lendemain. L’intendance gérée, on peut se consacrer complètement à sa mission.

Pour moi qui n’avais jamais pratiqué d’intervention post-catastrophe humanitaire, l’arrivée sur le terrain est d’ailleurs un peu déroutante. Les intervenants sont nombreux, la coordination se fait au mieux mais la transmission de l’information n’est pas toujours parfaite. Bref, j’ai découvert les premiers jours les coulisses de l’action humanitaire : recenser les besoins, adapter les ressources, répartir les moyens… C’est un vrai métier.

Sur place, en binôme avec un permanent de la Fondation, vous avez déployé une Aquaforce 2000, unité mobile de potabilisation de l’eau conçue par les ingénieurs de la Fondation, avec Médecins sans Frontières.
CB : Oui, c’était à quelques dizaines de kilomètres de Dombé, à l’Ouest de Beira. Il a fallu identifier le meilleur point d’approvisionnement en eau et organiser l’accès à des rampes de distribution que nous avons voulu installer au plus près des populations, soit 1 kilomètre de tuyaux à faire courir en pleine nature.

Quelles ont été vos relations avec la population mozambicaine ?
CB : Parce que nous produisions de l’eau avec des équipements que les Mozambicains ne connaissaient pas, il a bien sûr fallu se montrer pédagogue, boire l’eau issue de l’Aquaforce et, globalement, expliquer nos faits et gestes. Mais au-delà de notre intervention de volontaires Veoliaforce, j’ai trouvé la population très dynamique malgré le drame qui la touche. Les gens sont dans une logique de résilience et cherchent déjà à se reconstruire de manière assez autonome. C’est impressionnant et, parfois, je me demandais comme nous réagirions, en France, face à un tel événement...

Qu’est-ce qui vous a le plus étonné pendant cette mission ?
CB : Il faut savoir s’adapter pour gérer les aléas : les situations évoluent chaque jour, chacun veut faire au mieux mais doit se coordonner avec les autres acteurs présents. Et puis vous êtes en relation avec des interlocuteurs extérieurs, sans toujours bien comprendre que c’est le week-end ailleurs dans le monde et que les décisions ne se prendront donc que lundi… Le temps n’a pas la même valeur dans l’urgence humanitaire qu’ailleurs.
 

Propos recueillis par la Fondation Veolia.